Retour à toi

J'avais décidé de fermer une pièce : j'en avais découvert la porte sous le doux soleil de l'été. On croit connaître la maison de sa vie, mais un beau jour, on trouve une ouverture jusque-là inaperçue, où l'on pénètre doucement. Toute la géographie de l'espace s'en trouve bouleversée, car les fenêtres offrent des vues sur le jardin du monde que l'on n'avait pas pu imaginer et elle semble un séjour plus agréable qu'ailleurs. J'y ai humé la sensualité et appris beaucoup. Mais un jour, quelque chose m'a frustré, et je suis sorti. Plein de regret. Baissant la tête, avec la sensation d'avoir échoué à quelque chose. Pourtant, je gardais le souvenir de ce lieu ; ma pensée m'y ramenait souvent, obsessionnellement. Je savais désormais que cette chambre était en moi et j'en poursuivais les leçons. Aujourd'hui j'ai entrouvert la porte et elle m'accueillit. Son parfum était le même, les sensations étaient les mêmes. Elle m'avait manqué. Et je ne voudrais plus en sortir. Ce soir, je pense à K., Karin, Catherine Pozzi, une maîtresse de Valéry. L'amoureuse souffrante, dont les quelques vers atteignent la beauté et le cœur. Elle avait séduit Valéry en lui parlant de quelque théorie physique. Il avait cru se voir, Narcisse trouvait son reflet. S'en suivit une liaison tumultueuse, mais qui obséda le poète après la mort de l'aimée qui surgit sous sa plume dans les derniers mois de sa vie. Penser demain à acheter le Journal de Karin, qui vient d'être réédité, pour le relire.

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[le bleu du ciel]

Penser à acheter les livres que Quitter la terre achète.